Critique ciné : Zidane, un portrait du 21e siècle

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3 Avril 2005, stade Santiago Bernabeu, le Réal Madrid affronte Villaréal pour le compte de la 33ème journée de la Liga. Une fois n’est pas coutume, l’enjeu majeur de cette rencontre concerne le duel à distance que se livrent les Merengues du Réal et les Blaugranas du Barca dans la course au titre.

Mais au-delà de son aspect sportif déterminant, ce match est le théâtre d’une expérience inédite initiée par Philippe Parreno et Douglas Gordon, respectivement artiste plasticien et vidéaste. Ce duo franco-américain va braquer 17 caméras HD pellicule 35 mm sur Zinédine Zidane durant la rencontre. L’idée ? Focaliser sur le meneur du jeu tout au long du match et créer une œuvre à mi-chemin entre documentaire et art contemplatif. Après 90 mn de tournage et 9 mois de montage, Zidane, un portrait du 21e siècle sort enfin, accueilli entre curiosité et scepticisme au festival de Cannes où il est présenté hors-compétition.

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Comme annoncé, le film est centré sur l’ex-numéro 10 des Bleus. Du bord de la pelouse, la caméra ne lâche jamais la star. On voit Zizou marcher, courir, parfois balle au pied, souvent sans ballon. Ses coéquipiers et adversaires, aussi prestigieux soient-ils, sont réduits au rang de figurants. Ni le jeu ni le scénario du match ne commandent la réalisation. Seule préside la volonté de raconter un corps. Dans ses déplacements ou dans ses expressions, Zidane apparaît tel qu’on ne l’avait jamais observé. Là où les retransmissions TV montrent des joueurs, Parreno et Gordon révèlent l’homme en train d’exercer son métier de footballeur. Une distinction intéressante, mais suffisante pour faire un film ?

Comme pour mieux rendre compte de la tonalité d’un match de football tel que ses acteurs le vivent de l’intérieur, la bande son se caractérise par sa discrétion. Quelques morceaux du groupe Mogwaï accompagnent judicieusement les actions de ZZ mais ce sont les balbutiements du public et les bruits d’ambiance qui dictent le rythme du film. L’expérience n’est pas sans intérêt tant cette foule anonyme se personnifie soudain. A travers ses cris de joie et de frustration, ses quelques visages que l’on saisit distinctement, on devine toute la singularité du travail de footballeur. Le contraste est d’ailleurs parfois saisissant entre l’attitude des supporters et celle de ZZ, lui qui dira plus tard qu’entendre le public revenait à « sortir de son match ».

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A la mi-temps, seule entorse à la linéarité de la réalisation, des images d’actualité défilent. Cuba, Serbie, puis finalement l’Irak. Une bombe a explosé. Parmi les gens qui s’affairent pour secourir les blessés, un homme porte un maillot floqué Zidane. L’explication du titre est là : Zidane, génie du football ayant officié dans les championnats les plus relevés de l’ère moderne (en nombre de victoires en Coupe d’Europe), est aussi un symbole de la planétarisation de ce sport. Mais, malgré l’audace et le parti pris désormais admis des réalisateurs, demeure un sentiment d’inachevé. En dépit de vraies qualités formelles, le film ne résiste pas à l’ennui. S’il est indéniable que Zizou, élégant balle au pied et aux expressions parfois déconcertantes, est le modèle idoine pour officier dans ce rôle, le film souffre d’un manque de matière et finit par s’essouffler. Ne reste pas moins qu’il illustre malgré lui la carrière de Zidane : auteur d’une très bonne prestation et de quelques gestes de classe ce soir-là, le Français se fait expulser après un coup de sang aussi inutile qu’inattendu. Comme un an plus tard en finale de la coupe du Monde. Comme pour signifier que braquer 17 caméras sur lui ne suffira jamais pour comprendre la complexité du personnage.

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