Critique ciné : La voie de l’ennemi

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Garnett, ancien membre d’un gang du Nouveau Mexique vient de passer 18 ans en prison pour meurtre. Avec l’aide d’Emily Smith, agent de probation chargée de sa mise à l’épreuve, il tente de se réinsérer et de reprendre une vie normale. Mais Garnett est vite rattrapé par son passé. Le shérif Bill Agati veut lui faire payer très cher la mort de son adjoint.

Forest Whitaker (Angles d’attaques, Zulu, Panic Room, Le dernier Roi d’Ecosse…) et Harvey Keitel (Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Taxi Driver, The Grand Budapest Hotel, Dragon rouge…) deux monstres sacrés du cinéma américain se retrouvent ici sous la baguette du réalisateur français Rachid Bouchareb (Hors-la-loi, Indigènes, London River, Omar m’a tuer…) pour nous donner un film magnifique, riche de sens et d’émotions.

Il aura fallu 2 ans à Rachid Bouchareb pour arriver à tourner ce film. La genèse de ce film provient d’une idée de remake de « 2 hommes dans la ville » de José Giovani, servi par Jean Gabin et Alain Delon en 1973. Durant ces 2 années, un véritable travail d’enquête et d’interview a été mené par Rachid Bouchareb et son équipe notamment auprès des shérifs et au sein des milices, au Nouveau Mexique et au Texas, états des USA qui bordent la frontière avec le Mexique pour arriver à une histoire construite et riche. Ce long-métrage aura finalement prit une direction différente du film original, ce qui participe une nouvelle fois à la beauté et la richesse de cette œuvre cinématographique.

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Itinéraire d’un homme en colère qui essaye de se racheter et de se faire pardonner ses erreurs du passé. Ce film est l’histoire d’un homme accusé de meurtre, celui de l’adjoint d’un shérif au Nouveau Mexique, libéré de prison sur parole après 18 ans d’incarcération. Cet homme « nouveau » qui sort de prison n’a plus rien à voir avec l’homme qu’il était avant. Converti à l’Islam, il aspire à une vie simple, en tentant de se reconstruire. Mais certaines personnes de l’extérieur ne le voit pas de cet œil, notamment le shérif Agati, occupant ses fonctions depuis 18 ans, ainsi qu’un ancien complice de Garnett, Terence interprété par Luis Guzman (Le dernier rempart, L’attaque du Métro 123, Cleaner…).

Avec l’aide de son agent de probation, l’agent Emily Smith, dont le rôle est tenu par Brenda Blethyn (London River, Beyond the Sea, Et au milieu coule une rivière…), Garnett cherche à se reconstruire une vie après en avoir passé la moitié derrière les barreaux. Cette femme, dont on ne sait que peu de choses de son passé mais que l’on peut imaginer facilement, met tout en œuvre pour que Garnett reprenne une vie normale et retrouve sa place dans une société américaine où les héros de guerre sont accueillis à bras ouverts et célébrés en grande pompe et où les repris de justice n’ont finalement que peu de chances de retrouver leur place dans la société.

Les tensions qui existent entre les différents personnages sont ici parfaitement retranscrites et palpables à chaque instant du film. Ces tensions se ressentent d’une part autour du personnage du Shérif dont le leit motiv est le respect des lois et la protection de son conté pour assurer paix et tranquillité, quitte à flirter aux limites du harcèlement moral et parfois des lois ; et d’autre part, l’ex associé de Garnett, toujours impliqué dans divers trafics entre le Mexique et les Etats-Unis. Cette mise à l’épreuve brutale ou parfois insidieuse que subi Garnett n’a de cesse de réveiller ses vieux démons et qui n’a d’autres choix que de faire profil bas s’il ne veut pas retourner en prison pour les 3 années restantes de sa peine.

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Rachid Bouchareb nous entraîne ici dans un film au rythme modéré mais qui colle parfaitement à l’histoire et à ce vaste décor du sud des Etats Unis, qui n’accepte ni la précipitation ni les erreurs de plans. Et c’est une fois de plus l’expérience du réalisateur qui a permis la réussite de ce film. Habitué des grands espaces de part ses précédents films,  il maîtrise également les plans fixes et n’a pas besoin de plus qu’une caméra et d’un pied pour nous livrer un film aussi riche et émouvant. Les acteurs ont bien évidemment la part belle dans ce film mais c’est bien entendu le mélange parfait entre un jeu d’acteurs excellent, des images saisissantes et d’une musique envoûtante qui nous permet de plonger sans retenue dans ce film et de nous sentir comme impliqués dans cette histoire

Après les 2 heures de projection du film, nous avons eu la chance de pouvoir discuter avec Rachid Bouchareb qui a su nous livrer sans complexe quelques secrets et anecdotes de ce tournage. Les questions n’étaient pas nombreuses mais cet homme a été capable de captiver l’audience au travers du récit de ce tournage. Grâce à son aisance à parler devant un public qui a découvert ce film avant même qu’il n’ait pu le visionner lui-même, ce n’est pas seulement des réponses aux questions posées mais une véritable histoire qu’il nous a raconté autour de la création de ce scénario et des scènes qui ont été tournées. Concernant les nombreuses anecdotes dont il nous a fait part, en voici une qui a particulièrement fait sourire l’audience. Nous savons tous que les acteurs sont parfois comparés à des divas et dont tous les caprices doivent être satisfaits, mais parfois, ces caprices servent le film à merveille. Ainsi, si l’on prend Harvey Keitel, on pourrait considérer que son comportement dans les premiers jours du tournage était similaire à celui d’une diva. En effet, celui-ci a voulu sélectionner tous les costumes et les accessoires de son personnage, jusqu’à choisir la cravate qu’il porterait avec tel ou tel costume, la pince qu’il aurait avec ladite cravate… Bref, il n’a rien laissé au hasard, mais à toujours laissé le choix final à Rachid Bouchareb en lui présentant sa propre sélection. Sur les lieux de tournage, et malgré ses bientôt 50 ans de carrière, dont des films avec les plus grands comme Scorsese, Tarantino et j’en passe, l’homme a toujours le trac avant de tourner une scène, c’est pourquoi il a également voulu voir son bureau, ou plutôt celui du shérif Agati, deux jours avant le tournage. Il a notamment remplacé les photos accrochées au mur de son bureau, représentant certains membres de l’équipe technique en tenues d’adjoints du shérif, par des « vraies » personnes du film. Il fallait que tout soit le plus vrai possible pour qu’il s’approprie et s’imprègne de son rôle et de son personnage.

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Le titre final du film, « La voie de l’ennemi », provient d’un proverbe d’une tribu indienne de la région de tournage. Traduit en français, ce proverbe signifie qu’il faut resserrer les liens, humains, pour être plus fort face au danger et s’en prémunir. Je trouve ce titre particulièrement bien choisi, et vous comprendrez qu’il prend tout son sens, après avoir vu ce film. Je conclurai par une petite anecdote sur la durée du film, qui après le tournage, faisait dans son premier jet, après montage… 3h50 !

« La voie de l’ennemi » sort en salles le 7 mai prochain et je ne peux que vous conseiller d’aller voir ce film, si ce n’est pour la beauté des paysages parfaitement filmés, le jeu d’acteurs impeccable ou la musique, cela sera alors pour le montage parfait du film et le subtil mélange de tous ces ingrédients.

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